L'orgue à bouche : découvrez l'ancêtre de l'harmonica

Orgue à bouche
Considéré comme l'ancêtre de l’harmonica, de l’accordéon ou de l’harmonium, l'orgue à bouche est un instrument à l'histoire millénaire. Découvrez celui de nos collections, collecté au début du 20e siècle par Jean-François-Antoine Brébion.

L'objet

  • Fin du 19e - début du 20e siècle
  • Asie, Cambodge, populations stieng ou mnong
  • Calebasse, bambou
  • H. 67 x L. 25 x P.13,5 cm
  • Don d’Antoine Brébion en 1912
  • inv. 2009.0.146

Cet orgue à bouche est un instrument polyphonique composé d'un récipient, une calebasse, avec une embouchure sur lequel des tuyaux, en bambou, sont fixés. Il comporte six tuyaux montés en deux groupes divergents (quatre en haut et deux en bas), chacun muni d’une anche libre en bambou qui est fixée sur la partie du tuyau insérée dans la calebasse. Les anches sont ainsi emprisonnées dans la calebasse faisant office de chambre de distribution d’air. Les tuyaux sont fixés à la calebasse avec de la cire noire. Chaque tube est percé d’un petit orifice que le musicien bouche pour mettre l’anche en vibration. On en joue en inspirant comme en expirant pour faire vibrer l’anche.

Apparût dès le second millénaire avant notre ère, l’orgue à bouche compte parmi les instruments les plus anciens du sud-est asiatique. Il s’agit d’un instrument de divertissement qui est connu chez plusieurs ethnies du Vietnam comme les stiengs ou encore les mnongs. Il serait utilisé comme instrument solo, comme partie d'un orchestre, ou comme instrument d'accompagnement.

Jean-François-Antoine Brébion

Cet instrument, fut collecté par le journaliste, Jean-François Antoine Brébion (1857-1917), rédacteur un temps à la mairie de Lyon avant de partir en Indochine et devenir professeur d’enseignement primaire jusqu’en 1882. Il va y rester vingt-huit ans, avec un bref voyage au Cambodge, au Laos, à Jahore, au Siam, au Japon et quelques retours en métropole. Entre 1908 et 1916 il donne au muséum de Lyon tout un ensemble de pièces ethnographiques et de spécimens de sciences naturelles provenant d’Asie du Sud-Est. On lui doit de nombreux articles, mais l’ouvrage auquel il va consacrer la fin de sa vie, Le dictionnaire bio-bibliographique de l’Indochine française, reste une œuvre colossale qui ne sera publiée que dix-huit ans après sa mort.

Une infinie variété de jeux

Ses qualités acoustiques et son infinie variété de jeux et doigtés font de l'orgue à bouche un instrument polyphonique fascinant. On le retrouve aujourd'hui encore dans de multiples variations et appellations (khên, shô, sô, sahn, yu...) au Laos, Birmanie, Japon, Bornéo, Vietnam, Bangladesh, Thaïlande, Assam (Inde), Chine ou Corée. Son répertoire se partage entre la tradition (entre autres liés à la dynastie Song et à la cour impériale japonaise - Gagaku), le « classique » (pièces écrites après 1956 en Chine pour les orgues à bouche rénovées) et le « contemporain », (créé à partir de la fin des années soixante-dix).

Découvrez les spectacles autour de l'orgue à bouche les 24 et 25 juin

Sources

Bibliographie
  • Essai d’ethnographique comparée. Madeleine Colani, BEFEO, 1936, Vol 36, N°1, pp. 214-216 Hà Văn Tấn: Nouvelles recherches préhistoriques et protohistoriques au Vietnam
  • Rapport sur une mission officielle d’étude musicale en Indochine. Noël Péri , G. Knosp. BEFO. 1912. Tome 12, pp. 18-2
  • La musique du Cambodge et du Laos d'Alain Daniel. Pondichéry : Institut Français de Pondichéry, 1957 (généré le 05 mai 2022). Disponible sur Internet : https://doi.org/10.4000/books.ifp.1114

Galerie

Orgue à bouche
© musée des Confluences - Patrick Ageneau
Orgue à bouche
© musée des Confluences - Patrick Ageneau
Orgue à bouche
© musée des Confluences - Patrick Ageneau
Orgue à bouche
© musée des Confluences - Patrick Ageneau
Orgue à bouche
© musée des Confluences - Patrick Ageneau