La rhytine de Steller

Rhytine de Steller
Aussi connue sous le nom de vache de mer, la rhytine de Steller était un grand mammifère marin qui vivait dans les eaux arctiques des îles du Commandeur, dans la mer de Béring, entre la Russie et l'Alaska. 
 

Découverte

La rhytine de Steller a été décrit par le naturaliste Georg Wilhelm Steller qui l’a découvert en 1741 autour de l’Archipel du Commandeur, dans le détroit de Béring, entre la pointe de la Russie et l'Alaska. Selon Steller, la rhytine « ressemble aux phoques par sa région antérieure, et aux baleines et dauphins par sa région postérieure et sa queue ».

Pouvant mesurer jusqu'à 9 m de long, elle fut baptisée « vache de mer » par le naturaliste, qui la comparait aux vaches parce qu’elle passait la majeure partie de sa journée à manger les algues qui croissaient dans les eaux peu profondes le long des rives.

Ces animaux, comme les bovins, vivent en troupeau dans la mer, mâles et femelles nageant ensemble et guidant leur jeune jusqu’au rivage. Ils ne sont préoccupés que par leur nourriture. Le dos et la moitié de leur corps sont toujours visibles en dehors de l’eau. Ils mangent de la même façon que les animaux terrestres… Ils arrachent les algues des rochers avec la racine et les mâchent sans arrêt… Lorsqu’ils mangent, ils bougent la tête comme les buffles, et après quelques minutes, ils lèvent la tête hors de l’eau et prennent de l’air frais dans un bruit de souffle semblable à celui des chevaux.

Georg Wilhelm Steller

Description

À l’âge adulte, la rhytine atteignait jusqu’à onze mètres et pesait aux alentours de 8000 kilos. Son corps était semblable à celui du dugong, mais sa queue ressemblait à celle d’une baleine. Son cuir solide était épais d’environ trois centimètres, et il recouvrait une couche de graisse de plus de 20 cm. Ses yeux et ses oreilles étaient minuscules, son nez plat, et de grandes vibrisses entouraient sa gueule.

Les troupeaux étaient souvent repérés en eaux peu profondes, flottant près de la sortie d’un cours d’eau, ce qui laisse suggérer qu’ils cherchaient des endroits où l’eau non-salée était disponible. Ils broutaient et se reposaient presque toute la journée.

Histoire de l'extinction

Au retour de Steller en Russie, la nouvelle de l’existence d’un animal facile à chasser et dont on pouvait tirer des ressources considérables se propagea rapidement. Remarquable pour son lard épais et goûteux et sa peau d'une solidité extraordinaire, qui servait à confectionner des embarcations légères, ce mammifère marin fut l'objet d'une chasse funeste : trente ans ont suffi aux hommes pour exterminer la totalité de sa population, soit environ 2 000 individus. L'animal possède ainsi le record sinistre de l’intervalle de temps le plus court entre sa découverte et son extinction.

Par la suite, des témoignages de personnes prétendant avoir vu des rhytines ont parfois été enregistrés, mais aucun n’a pu être scientifiquement vérifié et l’espèce est donc considérée comme éteinte.

Le squelette au musée

En 1896, Alexandre Laurence de Lalande, consul de France à San Francisco, entreprit d'obtenir un squelette complet pour le muséum de Lyon. C'est son collègue, le consul impérial de Russie, Vladimir Artsimovitch, qui se chargea d'obtenir le squelette auprès de Nicolas Prebnitsky, gouverneur des îles du Commandeur.

Le squelette a vécu des heures difficiles : le transport devait se faire à bord d'un navire russe jusqu'à Port Saïd pour être relayé par un bateau français. Mais, de négociations en tribulations, la rhytine mit près de deux ans pour enfin arriver à Lyon, en 1898. Il ressort de la correspondance entre les consuls et le muséum que le squelette a d'abord gagné Vladivostok ; ensuite a-t-il pris la voie de terre (transsibérien) ou plus probablement la voie maritime ? Il ne reste plus de trace écrite permettant de lever le doute.

Héritier du muséum de Lyon, le squelette présenté dans l'exposition Espèces, la maille du vivant est complet.