
auteur
Roger Boulay est anthropologue, muséologue, spécialiste des arts d'Océanie et commissaire de nombreuses expositions, dont dernièrement "Kanak : l'art est une parole", musée du quai Branly, 2014.
résumé
A l'occasion des 30 ans de l'OCIM, Roger Boulay revient sur l'article "actualité d'un débat qui s'éternise : que faire des collections d'objets exotiques", qu'il a publié dans la Lettre de l'OCIM n°9 en 1990. Il dressait alors un constat de l'état des collections ethnographiques extra-européennes :
- rareté des projets muséologiques et des inventaires,
- mauvaises conditions de conservation des collections,
- non prise en compte des communautés dont sont originaires les objets.
En revanche, il faisait état de l'intérêt grandissant des communautés pour leur patrimoine et leur positionnement en tant qu'experts.
30 ans ont passé et l'auteur revient sur chacun des points de son constat au regard de l'actualité. Il note une professionnalisation du personnel muséal en terme de conservation préventive et de connaissance scientifique. Ainsi des réserves adaptées ont été aménagées et des inventaires quasiment exhaustifs des collections ont été dressés. Une valorisation et une diffusion des collections peuvent donc être engagées, permettant ainsi aux communautés concernées de se réapproprier ce patrimoine matériel. Il cite plusieurs expositions qui, depuis 1990, ont fait date dans la présentation des collections extra-européennes, et qui ont ouvert la voie à une nouvelle ère engageant des relations de partenariat avec les communautés d'origine des objets.
- Le musée Cannibale en 1987 au musée d'ethnographie de Neuchâtel ouvre le bal,
- puis suit Derrières les images en 1999 au musée d'ethnographie de Neuchâtel, réinterprétée en 2000 au musée d'Aquitaine,
- Kannibal et Vahinées au musée des arts d'Afrique et d'Océanie et au musée des Beaux-Arts de Chartres en 2002,
- Collecteurs d'âmes en 2006 au musée des Beaux-Arts de Rennes...
Enfin de nombreux parcours permanents sont revisités, tentant d'inscrire les musées d'ethnographie dans l'actualité. L'auteur souligne que le musée d'ethnographie de Cologne et le musée d'ethnographie de Genève ont relevé le défi d'exposer des collections anciennes tout en interrogeant le présent et la diversité humaine. En revanche, il avance que les musées de Toulouse et de Lyon exposent les objets en simple illustration d'un propos, sans parler véritablement des communautés dont sont originaires les objets. Enfin, l'exemple le plus déconcertant pour l'auteur est le musée des cultures de Bâle, où les objets semblent complètement décontextualisés.
relation
Extr. La Lettre de l'OCIM : Musée, Patrimoine et Culture scientifiques et techniques, n°158, mars-avril 2015.
source
Bibliothèque du musée des Confluences.